Le monde de l’assurance se remodèle !
Depuis 2013, les ACA Insurance Days promeuvent les dossiers chauds de l’assurance. Les débats des 16 et 23 novembre se dérouleront en ligne et celui du 25 novembre en mode phygital. Marc Hengen, administrateur délégué de l’Association des compagnies d’assurances et de réassurances, nous explique ce qu’il faut en attendre.
Depuis 2013, les ACA Insurance Days ont abordé de nombreux thèmes. Cette année, l’événement est baptisé «reshaping insurance». Est-ce à dire que le secteur est en pleine mutation?
Marc Hengen (Administrateur délégué de l’ACA) : «Oui, c’est une nouvelle donne. Il y a d’abord eu la pandémie: les ACA Insurance Days s’y adaptent à nouveau cette année avec une séance académique hybride et un nombre de participants réduit pour plus de prudence, qui s’ajoutent à deux webinaires.
Un remodelage a aussi lieu par rapport au risque climatique, qui est l’enjeu dont tout le monde parle aujourd’hui, et que l’on doit formaliser. Enfin, il y a eu plusieurs vagues réglementaires, véritables tsunamis qui s’abattent sur le secteur des assurances, qui seront au cœur des débats de cette année.
L’une des tendances du marché est l’essor du private equity en assurance-vie. Quel est son avantage?
«Le private equity et l’assurance-vie au Luxembourg marchent ensemble, ce n’est pas nouveau. Ce qui est nouveau, c’est qu’il suscite de plus en plus l’intérêt des investisseurs qui recherchent de meilleurs rendements qu’avec des produits plus classiques, surtout avec les taux d’intérêt négatifs qui existent dans le domaine bancaire.
L’un des thèmes forts abordés pour la première journée d’échanges concerne la «fatigue réglementaire» qui sévit dans le secteur des assurances. Comment cela se traduit-il pour les entreprises et pour les consommateurs?
«Soyons clairs: il ne s’agit pas de critiquer ou remettre en question la légitimité réglementaire, mais d’œuvrer pour une application intelligente des règlements. Je parlais plus haut de tsunami réglementaire, car ce ne sont pas de petites modifications que les entreprises doivent intégrer. D’abord Solvabilité II, qui a des répercussions dès la décision d’investissement, jusqu’aux déclarations chez le client. Même chose avec la vague SFDR, qui est l’obligation de déclaration des risques (selon différents scenarii) liés au climat et au développement durable. Cette réglementation a une influence sur toute la chaîne de valeur d’un assureur. Enfin, les règlements liés aux PRIP (produits d’investissement packagés), qui doivent protéger les consommateurs. Ces trois obligations se combinent et, ajoutées aux autres et à celles qui vont venir, mènent à des situations irréelles. Par exemple, aujourd’hui, si vous contractez une assurance avec un client, il faut lui donner 185 lignes d’informations précontractuelles. Si réguler reste essentiel, est-ce que bien informer ses clients, c’est vraiment leur donner 185 points à lire avant de signer? Nous cherchons à identifier ce qui est vraiment utile et intelligent à sa prise de décision, et à préserver l’équilibre entre protection du consommateur et protection de la compagnie.
Le Brexit continuera-t-il d’influencer le secteur de l’assurance au Luxembourg en 2022?
«Je pense que le Brexit en tant que tel, c’est-à-dire la sortie juridique du Royaume-Uni de l’espace économique européen, a déjà opéré ses principaux effets, les regroupements et transferts de sièges ayant été préparés en amont et réalisés tout de suite après le référendum. Les services financiers n’étaient pas dans cet accord de sortie, c’est donc le pire scénario qui s’est produit, mais il avait été anticipé. C’est désormais une nouvelle donne du paysage assurantiel européen, et une réalité qui a créé une conjoncture favorable au Luxembourg et qui devrait durer. En 2022, s’il y a de nouvelles arrivées, elles ne seront pas liées au Brexit.
L’année 2021 a été de nouveau marquée par le Covid, mais aussi par de violents sinistres au Luxembourg, en Belgique et en Allemagne. Cela va-t-il impacter les résultats du secteur en 2022?
«Vous parlez du sinistre le plus cher de l’histoire de l’assurance luxembourgeoise, avec les inondations des 14 et 15 juillet… (plus de 125 millions d’euros, ndlr). C’était un coup dur, évidemment imprévisible, mais les assureurs luxembourgeois ont eu la capacité d’absorber le choc financièrement, c’est d’ailleurs leur rôle. Cela aura forcément un impact sur les résultats l’an prochain, mais les coûts ont été partagés avec les compagnies de réassurances de la Place (les assureurs des assureurs, ndlr), qui ont supporté une partie du poids financier porté par les compagnies. Cette année, les inondations ont eu lieu dans plusieurs pays d’Europe, un phénomène qui est de plus en plus fréquent. Pour rester à l’équilibre, et parce que le risque de récidive est prévisible, les réassureurs devront certainement augmenter leurs tarifs de couverture l’an prochain.